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#MouvementUltra Analyse, description et anecdotes

Le Samedi 09 Septembre 2017 par Casual Mars

Nous partageons des extraits de l'article sur le mouvement ultra, écrit par le site epjt.fr. La saison de foot vient de recommencer pour le plus grand bonheur des ultras. Ces supporters d'un genre particulier ne vivent que pour une chose : leur club. Plongée dans un mode de vie peu connu et pourtant souvent mal jugé.

Dans le paysage du foot français, les ultras sont à part. Ils sont quelques milliers à travers l'Hexagone, que beaucoup regardent de loin, sans vraiment les comprendre. « Il y a plusieurs manières d'être supporter, détaille le sociologue Nicolas Hourcade, spécialiste du « supportérisme ». Un ultra, c'est quelqu'un qui veut être un ultra, qui veut s'engager dans ce style de supportérisme particulier. » Pour la définition, difficile d'aller au delà de cette tautologie. Ceux qui se considèrent comme tels se reconnaissent dans certaines valeurs. Et leur investissement pour leur club est sans faille.

Être ultra, c'est donc se sentir investi d'une mission : faire partie intégrante du club et avoir un impact sur le résultat de chaque match. Une vocation qui, souvent, se dessine dès les premières visites au stade. Aucun n'imagine vivre un match autrement que debout, à chanter pendant quatre-vingt-dix minutes. Une manière d'être que certains reconnaissent volontiers excessive par moments, mais indispensable. Et qui s'acquiert au fil des années. Chez les ultras, il n'y a qu'une seule priorité : le club. Quelle que soit la ville, quelle que soit l'équipe. Le lien est trop fort pour qu'il en soit autrement.

Être ultra n'est donc pas qu'une question de foot. Cela va bien au-delà. « Il y a une vraie dimension sociale. Quand on est dans le mouvement, on vit au sein d'une société dans la société, souligne Bernard Lions, reporter au journal L'Equipe. On oublie un peu trop souvent cette dimension sociale. »

Au quatrième étage du musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille, le bureau de Florent Molle regorge de trésors. Conservateur du patrimoine, responsable du pôle « Sport et santé », il a arpenté l'Europe et les contrées limitrophes, allant à la rencontre des groupes ultras et collectant objets insolites et souvenirs. Un échantillon alimentera l'exposition « Nous sommes foot » en octobre prochain au Mucem. 

« Quand on parle aux ultras de la conservation de leur mémoire, c'est quelque chose qui les intéresse », explique Florent Molle. Sauvegarder leur histoire est d'autant plus important qu'en plus de trente ans d'existence, ils ont connu bien des chamboulements. Dans leurs rapports avec les pouvoirs publics, mais aussi en leur sein, avec l'arrivée de nouvelles générations. Pour remonter aux origines du phénomène ultra, il faut revenir plus de cinquante ans en arrière. A la fin des années soixante, de l'autre côté des Alpes, à Gènes, des graffitis fleurissent sur les murs de la ville : « Unitti Legneremo Tutti i Rossoblù A Sangue », dont les initiales donnent ULTRAS, et qui signifie en français « Ensemble, nous frapperons tous les Rossoblu (surnom du Genoa, rival historique de la Sampdoria de Gènes, NDLR) jusqu'au sang. » Les supporters de la Samp' sont les premiers à revendiquer le terme d'ultras en référence aux ultraroyalistes qui faisaient passer leurs idées par la violence.

Olympique de Marseille

Bientôt, le terme traverse les Alpes. Les membres de la Vieille Garde, noyau bâtisseur du Commando Ultra' 84 de Marseille, se souviennent des débuts. « Les fondateurs des premiers groupes ont réalisé des voyages en Italie : à Turin où ils ont assisté à plusieurs derbys et à Rome, raconte-t-il. Ils voulaient importer l'extraordinaire ambiance des stades du Calcio. »

Un peu plus de dix ans après l'émergence de la première association de supporters, le Club Central des Supporters (CCS), la cité phocéenne devient le berceau du mouvement en 1984. L'implantation du Commando Ultra' dans les tribunes du Vélodrome devient un terreau propice à la création d'autres collectifs. Les South Winners, les Yankee Nord Marseille et les Fanatics Marseille voient le jour avant le début des années quatre-vingt-dix, suivis des Dodger's en 1992 et des MTP (Marseille Trop Puissant) en 1994.

Olympique de Marseille

Le CU84 lance des quêtes dans les virages, les facs et les lycées pour se financer. Les premières bâches et écharpes voient le jour. Des débuts parfois compliqués, où l'investissement personnel et la débrouille dominent. « On récupérait des torches d'alarme périmées des bateaux en guise de fumigènes, ou dans des michelines de la SNCF visitées la nuit », raconte un membre de la Vieille Garde. Petit à petit, le groupe se structure et séduit de jeunes supporters fascinés par l'énergie naissante qui émane du mouvement ultra.

« Les premiers, leur idée, c'était de créer une nouvelle façon de supporter leur équipe, décrypte Florent Molle. Quand certains me racontent leurs anecdotes, ils me disent que c'était le bordel. Ils fumaient des pétards dans les avions, ils faisaient des banderoles complètement délirantes. Aujourd'hui, on ne pourrait plus jamais faire ça. » Dans les travées, ce folklore déplaît. Des supporters voient d'un mauvais œil ces jeunes qui vivent le match debout, qui sont davantage acteurs que spectateurs du match. « La tragédie du Heysel survient quelques mois après la naissance du Commando Ultra. Ça a contribué à ce sentiment d'hostilité, déplore La Vieille Garde. Les abonnés du quart de virage ont même fait une pétition pour demander notre interdiction en 1985. »

Olympique de Marseille

Malgré les difficultés, les ultras vivent l'époque avec insouciance. Depé, emblématique supporter marseillais, est l'incarnation de la folie qui imprègne les travées. D'abord au Commando Ultra', puis co-fondateur des South Winners et enfin, plus tard avec son groupe, les MTP, il transcende son virage et pousse son équipe de la première à la dernière minute. Encore aujourd'hui, il reste un symbole de la ferveur populaire et de ces années fastes pour le mouvement ultra.

Olympique de Marseille

La modernisation du football a fait naître des dynamiques nouvelles en tribune. Pour beaucoup d'ultras, les stades flambant neufs vont à l'encontre de la passion populaire. À Marseille, les années passent mais la ferveur reste la même. L'agrandissement du Stade Vélodrome n'a pas changé la donne et les différentes présidences qui se sont succédé ont toujours su préserver le mouvement ultra olympien. Depuis l'ère Tapie jusqu'à l'été 2015, ce sont les ultras qui géraient les abonnements. Certains groupes obligeaient même à prendre une carte pour pouvoir accéder au virage, preuve de la volonté du mouvement marseillais de perpétuer une certaine tradition et de ne compter dans ses rangs que les mordus de l'OM. D'un autre côté, cela démontre aussi l'influence des groupes ultras au sein même de l'institution. « Les groupes ont réussi à imposer leur vision populaire du match de foot dans le paysage du club, expliquent les membres de la Vieille GardeGrâce à ça, les prix des places n'ont quasiment pas augmenté et la nouvelle direction continue à maintenir le caractère populaire et fervent du supportérisme marseillais. » Quelque chose à changer ? « La répression. L'époque où on débarquait à plusieurs centaines de milliers en déplacement sans escorte est révolue », regrettent les fondateurs du CU84. Même si le nombre d'interdictions de stade est en baisse par rapport à 2009, année à laquelle la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) est créée, les autorités trouvent d'autres façons de sévir.

En 2016, Frédéric Braquet, président de la Populaire Sud, est propriétaire d'un restaurant niçois. Il voit son établissement fermé sur décision administrative pendant l'Euro. En cause : une altercation entre des supporters irlandais et français, venus manger à son adresse plus tôt dans la soirée. « Les autorités ont retracé leur parcours et sont remontées jusqu'à mon restau. C'est à partir de ce moment que j'ai dit stop à la présidence. Je sentais que j'étais dans le collimateur, quoi que je fasse », fulmine-t-il.
En réponse à la répression et au peu d'efforts fournis par les pouvoirs publics et la LFP, la Populaire Sud envisage la grève. Mais les autres clubs ne sont pas prêts à suivre, encore moins sur la durée. Pour certains, hors de question de ne pas aller pousser leur équipe chaque week-end. « Putain ! Mais il faut aller au bout des choses, peste Fredéric. Tu vois, il y en a qui sont nuls pour les banderoles et il y en a d'autres qui sont nuls dans la lutte. Moi j'étais prêt à aller au bras de fer. »
Ce ne sera pas pour cette fois. Et le challenge le plus important qui attend les ultras est sans doute la transition générationnelle. Jeunes adultes lors de l'arrivée du mouvement en France, c'est d'un œil critique que les plus anciens voient arriver les nouvelles générations. Les plus jeunes apportent de nouvelles positions auxquelles n'adhèrent pas toujours les anciens. C'est le cas pour le ACAB (All Cops are Bastards. En français : tous les flics sont des bâtards). Un précepte que la répression aux abords des stades a fait naître progressivement. Si les plus anciens ne cautionnent pas la recherche de l'affrontement avec les forces de l'ordre, ils ont conscience des difficultés que rencontrent les nouvelles générations dans le climat actuel. « Ils ont du courage de se revendiquer ultras dans ces conditions », concèdent les membres de la Vieille Garde, tout en cadrant les jeunes supporters sur le comportement à avoir dans l'enceinte. « Gare à la dérive du foot vécu par procuration, Smartphone en main et dans un stade rempli d'antennes wifi. »

Olympique de Marseille

Obligation également de laisser les survêtements aux couleurs d'autres équipes à la maison. À Marseille, on ne vit qu'avec du bleu et blanc et les groupes ultras l'ont déjà fait savoir en placardant un message explicite dans les travées : « Survets et maillots de l'OM et basta ! La passion ne s'achète pas ! Arrête de filmer et chante avec la foi pour de vrai ! »
Ça a le mérite d'être clair : faire respecter les traditions et transmettre les valeurs est aujourd'hui un des enjeux majeurs du mouvement ultra.

L'ancien stéphanois, Julien Sablé, a lui aussi constaté l'importance du dialogue avec les groupes ultras. « Ils font partie intégrante du club. Si chacun doit rester à sa place, il est prépondérant de prendre en compte le regard des supporters. Quand on n'est pas d'accord, il faut savoir se dire les choses, même si elles sont dures à entendre. » D'un côté, les joueurs, les dirigeants et les entraîneurs ne détiennent pas toujours la vérité. De l'autre, les ultras ont besoin d'être mis devant certaines réalités du football. « La communication, c'est de cette manière qu'on avance, garantit l'ancien capitaine des Verts. Il faut ressortir de nos échanges en nous disant que nous sommes unis, que nous avons trouvé un compromis entre toutes les parties et que le week-end suivant nous serons tous ensemble pour affronter le prochain adversaire. » Les ultras ont besoin d'être intégré au projet. Ne serait-ce qu'en guise de remerciement pour leur infaillible soutien.

Retrouvez cet article en intégralité, en cliquant ici.

Source : epjt.fr

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