Deux doigts coupe-fin

Le Mardi 31 Octobre 2006 par

Les semaines avancent et ne se ressemblent décidément pas du tout, si ce n'est pour le classement de L1 Orange Pressée. Et quand la bêtise s'en mêle, ça donne un cocktail choquant et détonnant à la fois. Que dire de ces projectiles lancés chaque semaine sur les joueurs, de ces insultes qui fusent sur les terrains, de ces tacles assassins, de ces coups de boule et autres (Zid) âneries, et désormais des pétards mammouth scotchés, bombes agricoles lancées là où ils n'auraient jamais du se retrouver. Il devient aberrant de voir de tels actes se reproduire inlassablement sans que personne ne prenne conscience de la gravité de ceux-ci...

«Une Semaine, La Gangrène, La peine»

Comment résister au choc des images de Canal Plus dimanche soir lors de OM-Nice lorsque des pompiers crient et se hâtent de courir après une explosion, vers Anthony Roko, jeune pompier volontaire, la main en sang, deux doigts sectionnés après avoir voulu ramasser ce qui semblait être un pétard. Evacué immédiatement du terrain, il fut transporté à la Clinique Saint-Georges en urgence pour une opération de greffe qui durera plus de huit heures. « Le pompier a pensé que c'était un fumigène, il a ramassé l'objet pour le mettre dans un saut d'eau et celui-ci a explosé dans sa main », s'est fendu André Bloch, directeur de la sécurité à l'OGC Nice.

Malheureusement, cet acte bien qu'involontaire n'est pas un cas isolé. Lors de la même journée (11e), Olivier Monterrubio a été blessé à une main par une bouteille lancée d'une tribune Parisienne lors du match PSG-Rennes. Une semaine auparavant, Rémy Vercoutre remplaçant alors Grégory Coupet lors du match OM-Lyon recevait sur le cuir chevelu une boite métallique de Cachous (La Jolie), heureusement sans conséquences pour lui.


« A qui incombe la responsabilité? »

Nice par le biais de son président Maurice Cohen, s'est rapidement défaussé de la situation. « Le dispositif de sécurité pour cette rencontre était pourtant bien au point, les supporters adverses avaient été exceptionnellement fouillés par les CRS plutôt que par des stadiers niçois en raison du classement de la rencontre comme un match à haut risque». Même son de cloche de la part d'André Bloch « Cela fait quatre ans que nous n'avions pas été confrontés aux bombes agricoles au stade du Ray. Ce soir les forces de l'ordre ont fait du bon travail, notamment en ce qui concerne les fouilles, mais une bombe agricole mesure cinq centimètres de long. Elle est donc facilement dissimulable, d'autant qu'elle ne comporte pas de pièce métallique la rendant détectable au moyen de portiques ».

Du côté Marseillais, un communiqué officiel a été mis en ligne sur le site officiel du club. Celui condamne vigoureusement l'acte qui a coûté deux doigts au jeune sapeur-pompier volontaire, et attend les conclusions de l'enquête. De son côté, Pape Diouf « s'associe pleinement à sa douleur ». Quoi qu'il puisse arriver à leur club les deux présidents s'accordent pour dire que la blessure d'Anthony Roko est plus importante que le reste. Cependant, il se murmure que l'OM pourrait se voir retirer trois points (source RMC) tandis que cet incident pourrait coûter cher au club Niçois responsable de l'enceinte et ses composantes...


«Sarkozy indigné monte au créneau»

Il n'en fallait pas plus en tout cas pour que le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy, en pleine campagne pour les prochaines présidentielles, prenne les devants, et le tout en mains. Par le biais d'un communiqué du ministère de l'intérieur, il a fait part de son «indignation» après la grave blessure d'Anthony Roko, sapeur-pompier volontaire à la Turbie, blessé à la main droite lors de Nice-OM par l'explosion d'une bombe agricole au stade du Ray.

Le Ministre de l'Intérieur a tenu a faire part «à sa famille et à ses proches de son plus profond soutien» et a demandé subrepticement «que tous les moyens soient mis en oeuvre pour identifier et interpeller l'auteur afin qu'il soit jugé dans les plus brefs délais». Par la suite, il a tenu à condamner «fermement toutes formes de banalisation de la violence à l'égard des sapeurs-pompiers et demande que les auteurs soient fermement punis»...


« Et après? »

Le climat de plus en plus délétère se généralise sur la plupart des stades, et serait le fait des nouvelles consignes données aux arbitres. La tension monte inlassablement. Faudra-t-il un acte encore plus malheureux, rappelant le Heysel, pour enfin bouger... ? Mr S., pour ne citer que lui avait promis des mesures pour que l'on ne retrouve plus dans les stades des drapeaux à caractères fascistes, racistes, et autres, et au PSG, on attend toujours, les banderoles fleurissant toujours dans une partie du stade.

Point s'en faut, on donne le baton pour se faire battre. De ce fait, les politiques vont sans nulle doute profiter de ces derniers actes odieux pour à nouveau formaliser et rappeler combien la sécurité est importante, quitte à ôter tout plaisir aux supporters de stade. Gageons que de nouvelles réformes arriveront bien assez tôt pour sécuriser à nouveau les enceintes de sports, comme en Angleterre où les hooligans ont été répertorié un à un, et interdits de stade, les supporters quant à eux canalisés et cantonnés à des chants et une passion des plus statiques...

C'est aussi le souhait de l'UEFA et d'ici peu, les supporters iront au stade comme au cinéma, payant leur place et s'asseyant pour voir un spectacle sans faire de bruit. Le foot lui même se dénature par le fait de certaines personnes aux mentalités douteuses, et bien qu'une minorité, elles ont tendance à rabaisser l'image des supporters. Pour autant, il est à noter que le foot business, tel un ogre détruit toute passion sur son passage et de chaleur ambiante laisse de marbre tous les passionnés, pour ne garder que billets verts et bons bourgeois samaritains...

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