Paris 0-0 OM : Gloire aux minots ! La légende de l'OM (4/30)

Le Mercredi 20 Juin 2012 par

Il bluffe ? Moi je pense qu'il ne bluffe pas. Je te dis qu'il bluffe ! Non ! Si ! Peut-être. Je sais pas.
Martoni bluffe peut-être parfois, Pape Diouf jamais. Nous sommes au début de l'année 2006 et l'OM s'apprête à se déplacer au Parc des Princes. Le hic ? Le quota de places habituellement réservé à l'équipe visiteuse (2000) est divisé par deux par les dirigeants Parisiens. Fureur des groupes de supporters phocéens qui réclament le boycott dans la semaine précédant la rencontre.
Frédéric Thiriez et Canal + s'étranglent et font pression pour que le fameux classico (douteux emprunt lexical à son homologue ibérique Real-Barça) soit maintenu. Coûte que coûte. L'OM pourrait finalement récupérer des places supplémentaires mais Pape Diouf estime que le placement réservé à ses supporters met en danger leur sécurité.


On en parlait déjà sur OM Passion à l'époque ici

Les supporters olympiens ne feront pas le déplacement et, en guise de solidarité, Diouf décide d'envoyer l'équipe réserve, des minots encadrés par un excellent gardien (Carrasso, alors doublure de Barthez) et des joueurs en manque de temps de jeu (les inoubliables Gimenez, Delfim, André Luis et Civelli). Les héros s'appellent donc Carrasso, Bocaly, Civelli, André Luis, Pradié, Cantareil, Dennoun, Gastine, Delfim, N'Diaye, Gimenez mais aussi les remplaçants Flachi, Ngom et Diop.


Les héros ? Le mot n'est pas trop fort.
Face à la décision implacable de Pape Diouf, Canal +, la Ligue et leurs comparses sont furieux et c'est un euphémisme. « Déraison », « irrespect de l'éthique sportive, du public, des téléspectateurs... » tout y passe. Et tout le monde annonce une boucherie. L'armada parisienne (Pauleta, Kalou, Rothen, Yepes, Landreau...) ne fera qu'une bouchée de l'OM qui sera puni pour son insolence.

Mais ce dimanche 5 mars dans l'après-midi (on ne joue plus les PSG-OM le soir à cette époque là, les excités des deux camps sont censés être plus calmes à 17 heures qu'à 21...) rien ne se passe comme prévu.
Les Marseillais sont archi dominés, évidemment. On assiste à une attaque défense en règle. Mais les Parisiens sont brouillons et comme tétanisés par l'enjeu (ils ont tout à perdre !). Les attaques des hommes de Guy Lacombe sont imprécises, précipitées et brouillonnes.
Les Olympiens font front courageusement et certains minots se révèlent aux yeux du grand public : Gary Bocaly (champion avec Montpellier cette saison) est brillantissime côté droit. Intraitable en défense et cavalant jusqu'à l'épuisement le long de la ligne de touche. Gastine fait admirer sa technique, Pradié sa sérénité... Et Carrasso assure royalement, plus les minutes passent et plus les Olympiens prennent confiance.
Lacombe sent le danger, sort Mendy au bout de 30 minutes et lance Rothen dans le bain à la mi-temps.

La deuxième période est tendue, forcément. Une petite bousculade déclenchée par l'Uruguayen Rodriguez entraine un début de bagarre générale. Carrasso, promptement sorti de ses buts écope d'un carton jaune. Les nerfs sont à vif.
Et l'incroyable se produit. Devant la médiocre impuissance de sa propre équipe et le formidable courage de l'Olympique de Marseille, le public parisien encourage même l'OM par instants, pour mieux moquer la prestation de ses joueurs.
Les dernières minutes sont terriblement crispantes, on craint un éclair de Kalou, un but inévitable de Pauleta... mais rien ne vient et le coup de sifflet final retentit. Les joueurs et le staff bondissent de joie, la fierté est immense devant une prestation invraisemblable et magnifique :




La folie qui entoure le retour des héros à Marseille est énorme. Démesure à la hauteur du courage de ces minots dans cette invraisemblable aventure.
Les supporters les attendent à la gare (et oui on fait le trajet en train quand on est un minot, même pour un PSG-OM !) pour les fêter.
Anigo se proclame « fier d'être Marseillais ». Pape Diouf savoure son joli coup. Les Joueurs ne réalisent pas. Les supporters sont heureux tout simplement. La ligue et le PSG sont déconfis, Guy Lacombe ne s'en remettra jamais tout à fait.

Et aujourd'hui ?
Peu de minots ont percé et pour la plupart la carrière pro sera restée une belle chimère. Mais le 6 Mars 2006 restera gravé dans leurs cœurs et dans les nôtres.
Avec courage et dévouement, ils ont rendu un 0-0 magnifique. Fier d'être Marseillais. Merci les minots.

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