Mandanda : les supporters ne doivent pas jouer contre leur camp

Le Vendredi 25 Janvier 2019 par blade83



Après le match contre Monaco, le gardien de but marseillais s'est rendu compte directement qu'il ne faisait plus l'unanimité auprès des supporters. Dans un long entretien réalisé auprès du journal l'Equipe, Steve Mandanda fait le point sur sa situation.

Au sujet de la crise que traverse l'OM :
« Le mot de crise est fort. Mais il revient facilement autour de l'OM. Ce n'est pas la meilleure première partie de saison que j'ai connue depuis que je suis là, mais il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Ca va un petit peu mieux depuis trois matchs dans les résultats avec la dernière victoire à Caen et dans le contenu face à Monaco (1-1) et à SaintEtienne, malgré la défaite qui est cruelle (1-2). Ces rencontres portent des signes de redressement. »

« Nos éliminations dans les trois coupes font désordre. C'est ca qui noircit le paysage. On n'a pas été à la hauteur. C'est clair. On a même été honteux en Ligue Europa, avec un seul point en six matchs, et en coupe de France en s'inclinant contre une N2 (Andrézieux 1-2) en trente-deuxième de finale. Ces éliminations ne sont pas dignes de l'OM. Mais quand on regarde le championnat, avec un match en retard face à Bordeaux à domicile, rien n'est perdu. On n'est pas largué. On n'est pas où on devrait être mais il reste quand même pas mal de matchs. Si on gagne face à Lille, qu'on enchaine face à Bordeaux, on peut revenir à trois points du LOSC. L'OM reviendrait alors dans les clous. L'objectif principal reste accessible. Nous sommes toujours en course pour le podium. »

Au sujet de la champions league :
« Ca fait trop longtemps que l'OM n'a pas disputé la ligue des champions. Marseille ne peut pas passer encore une saison sans C1. Nous devons tout faire pour aller chercher cette deuxième ou troisième place". Sincèrement j'y crois. Le groupe aussi. Il y a du mieux dans tous les domaines sur les derniers matchs. Ce n'est pas encore un football fabuleux, mais on a déjà montré autre chose dans l'état d'esprit., la solidarité ou la combativité. On a corrigé le tir dans pas mal de secteurs. la victoire à Caen a été laborieuse mais nous sommes allés la chercher. Une équipe qui souffre et qui n'est pas dans son meilleur état a souvent besoin de passer par ce genre de match pour regagner de la confiance et se redresser. Ces victoires à la sueur font du bien. On arrache les points un à un, dans le combat. Il y a deux-trois semaines, on aurait peut-être perdu à Caen ou on se serait fait égaliser. Là on a tenu dans la douleur. Il y a aussi le côté rassurant de ne pas prendre de but. C'est important pour moi. »

Sur sa relation avec les supporters :
« J'ai traversé des moments encore plus difficiles, comme la première année avec Didier Deschamps. Il y a eu un passage également très tendu à la fin de Michel. On avait eu droit à la visite des supporters à l'aéroport après un match. Ces situations sont désagréables. Mais c'est Marseille. je peux comprendre la frustration, la tristesse ou la colère des supporters. Mais ils ne doivent pas jouer contre leur camp. Ce qui est fait est fait. On ne peut pas revenir là-dessus. On essaye de changer et on a besoin d'eux. On doit retrouver un état d'esprit positif dans l'effectif comme dans les tribunes. Tout le monde doit tirer dans le même sens. C'est comme ca qu'on remontera tous ensemble la pente. Si on accroche le podium, nous aurons malgré tout fait une meilleure saison que la précédente. Si ce n'est pas le cas, ca voudra dire qu'on s'est planté. Là, on pourra alors tirer des conclusions. »

« Nous avons le plus d'expérience avec Luiz Gustavo et Kevin Strootman. Moi, j'ai celle de l'OM, mon vécu ici. Luiz Gustavo a connu des grands clubs. Kevin a connu des situations semblables à la Roma, un club qui ressemble à l'OM. Il fallait prendre ses responsabilités. C'était un moment compliqué. Certains de mes partenaires sont rentrés directement au vestiaire. On a rappelé alors tout le groupe car il était important d'y aller tous ensemble, de montrer qu'on était toujours unis. On comprend le frustration, la déception des supporters. C'est normal au vu des résultats. Mais je leur ai dit qu'on avait besoin d'eux. Même si on ne le méritait pas à certains moments, il faut qu'ils soient derrière nous pour atteindre l'objectif. Et pas contre nous. »

« Cette pression à Marseille n'est pas simple. Il ne faut pas perdre ses moyens. Mais on sait à quoi s'attendre ici. On connait l'exigence, le rôle et l'importance des supporters. Marseille, ca peut monter très haut dans les tours dans le positif, et là c'est incomparable et exceptionnel, comme aller très loin dans le négatif. Et là il faut avoir le cuir dur. C'est ce qui fait à la fois la beauté et la folie de nos supporters. »

A propos de la perte du brassard.
« Ca m'a affecté sur le coup. Mais c'est passé. La saison dernière, j'ai pris un peu de recul pour laisser plus d'espace aux autres. Cette situation m'a permis sans être égoiste de plus me concentrer sur moi. Mais on s'est aussi servi de ca pour me critiquer, pour dire que j'étais moins impliqué. Cela n'a jamais été la cause de contre-performances. J'ai toujours l'OM en moi ! J'ai montré que j'étais prêt à beaucoup de choses pour l'OM. J'aime ce club. J'adore cette ville. Je l'ai encore plus compris quand j'étais à Crystal Palace. Après, ce que je n'accepte non plus, c'est qu'on remette en cause mon professionnalisme. C'est comme ces histoires de poids. C'est gratuit ! mais je sais d'où ça vient. Il n'y a qu'une personne qui me connaît parfaitement. C'est moi ! Je sais qui je suis. Je sais me gérer. Je suis un grand garçon.J'attends quelques fois plus de respect et de considération. Certains ont la mémoire courte. Tout ce que vous avez fait avant est parfois vite balayé ! Mais c'est le foot et aussi le monde d'aujourd'hui. On vit dans dans l'instantané des performances. Comme je suis un peu moins performant en cette première partie de saison, je sens que des regards sont différents. J'entends des critiques plus piquantes. Jusqu'à présent, je n'étais pas forcément sifflé. Je le suis un peu plus... C'est l'être humain. Mais je dure depuis onze saisons à l'OM, avec presque cinquante matchs par an. Ce n'est pas donné à tout le monde. »

Sur la suite de sa carrière.
« Je pense que mon record de 505 matchs sous le maillot marseillais sera difficile à battre. Ce record représente beaucoup pour moi. 505 matchs à l'OM, onze ans dans ce grand club, ca vaut presque un titre. Et j'espère que ce n'est pas fini. »

« Durer à l'OM c'est résister aux crises ! Encore plus à un poste particulier et exposé comme le mien. Gardien, on peut encore moins se cacher. Ca passe aussi par une remise en cause permanente. »

« J'ai lu que les dirigeants chercheraient mon successeur. Ca fait partie du jeu. Mais il faudra venir me déloger. Je suis encore loin d'arrêter. J'ai un contrat jusqu'en juin 2020. Je sais bien que le plus gros de ma carrière est derrière moi. Mais je ne suis pas fini ! »

A propos de ses relations avec Rudi Garcia.
« On a appris à se connaître. L'un et l'autre nous nous sommes rapprochés. Il y a eu peut-être des incompréhensions à un moment, mais nous avons eu une belle et bonne discussion cette saison. Notre relation n'a fait que se renforcer, encore plus dans ces moments difficiles. Nous sommes devenus de plus en plus proches. Il existe une véritable relation de confiance entre nous deux mais aussi avec l'ensemble du groupe. Je peux vous certifier qu'on ne va pas le lâcher. »

« On est derrière Rudi Garcia. Il est derrière nous. On est solidaires des deux côtés. Le coach ne lâche rien. Il cherche des solutions. Ca a fonctionné sur le dernier match à Caen. Il a encore un impact sur l'équipe. Il travaille dans l'intérêt du club. »

Sur le recrutement de Mario Balotelli.
« C'est une vraie valeur ajoutée. Il a des références internationales. C'est un plus indéniable. »

« De par son profil, son type de jeu, il a la capacité à enflammer un match sur une action. Mario est OM-compatible. Il possède un gros caractère, un état d'esprit qui colle bien à Marseille. Il impressionne aussi. Il pèse sur une défense. Après c'est une analyse. Tout est question de terrain. C'est là qu'on l'attend. La saison passée, il avait marqué deux fois contre nous avec Nice. A l'aller et au retour. Mais on avait gagné les deux matchs. »

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