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La Tribune Libre : Lettre ouverte à Marcelo Bielsa

Le Vendredi 29 Mai 2015 par pyrOMan

Cher Marcelo,

Je me permets de vous adresser cette lettre en tant que supporter de l'Olympique de Marseille, club qui m'est cher depuis de longues années et auquel vous avez su donner un second souffle.

A en croire les rumeurs actuelles, vous auriez fait le choix de rester, voire de prolonger votre contrat. Mon expérience de supporter m'a appris à attendre patiemment une officialisation au lieu de prendre telle ou telle rumeur pour argent comptant. Pour autant, une telle issue satisferait pleinement tout le peuple marseillais qui était sous perfusion depuis le titre de 2010 et auquel, par le biais d'un jeu offensif remis au goût du jour alors qu'il est enraciné dans l'histoire du club, vous avez permis non seulement de soigner ses maux, mais aussi de lui ré-apprendre à rêver.

Pour vous le visionnaire, l'idéologue du jeu, vous qui avez appris à découvrir ce contexte marseillais si particulier, l'OM était une équipe comme vous les appréciez : jeune, avec du potentiel. Vous avez su, en appliquant votre méthode habituelle, forger autour de la condition physique et de la force mentale une équipe compétitive arrivée en tête à la mi-saison au nez et à la barbe des mastodontes économiques que sont le PSG ou l'AS Monaco. Vous, l'homme de conviction, vous, l'intransigeant, vous, El Cabezon, vous avez su faire de cette somme d'individualités disparate qui se morfondait depuis deux ans à attendre patiemment que les journées s'égrènent un groupe uni, solide, sûr de ses forces et prêt à étouffer son adversaire par un pressing constant et une forme physique capable de faire pâlir n'importe quel marathonien.

Vous, Marcelo Bielsa, vous avez ramené cette rigueur qui manquait tant à un groupe auparavant comparé au Club Med par les observateurs étrangers, vous avez su rendre leur dignité à des supporters meurtris par les prestations affligeantes des Olympiens les saisons passées. Vous le stakhanoviste de l'attaque, avez inculqué à vos protégés non seulement un jeu chatoyant mais aussi l'efficacité devant le but (attaque la plus prolifique de l'OM depuis 1971-1972). Vous qui vouez un culte quasiment sacré à l'animation offensive - je vous cite "le football offensif est infini. Courir dépend seulement de la volonté, mais créer requiert l'indispensable condition du talent" - avez su transporter les supporters vers des univers créatifs, vers un "art pour l'art" du ballon rond qu'ils n'avaient pour certains jamais côtoyé.

Nonobstant, vous restez sur un constat d'échec. Le peuple Marseillais a de la mémoire et se souvient de l'avant Bielsa. Il a je crois déjà excusé cette période hivernale chaotique, parce que l'histoire était déjà très belle après ce début de saison féerique, parce que la place de l'OM aurait pu être totalement différente sans quelques grains de sables (décisions arbitrales, coups du sort) qui en ont décidé autrement. Ainsi, le prétendu échec n'en n'est pas un pour nous, supporters.

L'OM est désormais tout entier tourné vers une nouvelle dynamique. Votre fibre, votre "patte", votre philosophie du jeu commence à s'infiltrer dans les rouages de la machine phocéenne. Mais pour que cette influence ne fonde pas comme neige au soleil, pour fournir un legs efficient sur des décennies comme vous avez pu le faire du côté du Chili ou de Bilbao, je pense que vous en arriverez à la même conclusion que moi, que nous tous : poursuivre l'aventure olympienne.

Vous, Marcelo Bielsa, le Professeur, avez tant à enseigner à la jeune garde olympienne ! Il suffit de citer un joueur tel Javier Mascherano que vous avez lancé dans le grand bain avec l'Albiceleste pour s'en convaincre : "Avec Marcelo, je n'ai jamais terminé un entraînement sans avoir appris quelque chose. Et ça, pour un joueur, ça n'a pas de prix." Votre travail profite à tous nos joueurs. Des jeunes prêts à tout donner pour essayer de se frayer une place dans le groupe pro et apprendre à vos côtés, comme les minots Porsan-Clémente, Sparagna ou Boutobba qui y sont déjà presque arrivés... Votre expérience du haut niveau, vos connaissances en matière de football, votre méthode atypique, votre humanité avec chacun sont autant d'atouts non négligeables pour ceux-ci, encore en pleine socialisation footballistique. Or, ce travail, comme toute forme d'enseignement, est un travail de longue haleine. En ce sens, de jeunes diamants bruts qui ne demandent qu'à être polis à l'image d'Imbula, Lemina, Thauvin ou Batshuayi, ont aussi besoin d'un coach de votre trempe pour acquérir les galons de footballeur de haut et très haut niveau. Enfin des joueurs avec de l'expérience à l'image de Nkoulou ou autres Romao ne peuvent qu'être attentifs à votre avenir au sein du club, vous qui savez tirer la substance de chacun comme vous l'avez fait pour un Jérémy Morel méconnaissable de l'avis de nombre d'observateurs...

Enfin et surtout, Marcelo, vous avez su faire renaître la ferveur dans les travées du Vélodrome. Au cours des travaux, beaucoup doutaient quant à l'affluence moyenne du nouveau Vélodrome. Cette saison, le Vél a non seulement battu des records d'affluence mais s'est aussi enflammé au rythme des performances d'une équipe enchaînant succès sur succès à domicile. Mais, en plus des résultats, en plus du jeu, les supporters avaient besoin d'un visage auquel s'identifier. Dans les années 1990, Raymond Goethals avait cette image puis plus récemment, Erik Gerets, Didier Drogba ou Mamamou Niang ont soulevé les foules. Mais votre tempérament de gagneur, votre grinta argentine, votre côté artiste, votre capacité à faire des discours qui marquent les joueurs, à savoir utiliser les mots justes, ont instantanément plu au peuple olympien. Ce quatuor "discipline, persévérance, exigence, dépassement de soi" utilisé par votre mentor Jorge Griffa pour vous définir, colle à merveille aux valeurs dont se revendiquent les supporters phocéens. De même votre caractère qualifié de "fou" mais qui se décline sans doute davantage par ce tempérament "obsessionnel et novateur" (Carlos Picerni) font de vous un être adulé dans la cité phocéenne. Cette volonté parnassienne de travailler dur en tant que base pour pouvoir innover, créer offensivement, n'a-t-elle pas pour seule et unique volonté la perfection artistique ?

Pour tout cela et bien plus encore, pour engranger des succès et ne pas rester de votre point de vue sur un constat d'échec, la balle est non seulement dans le camp des dirigeants, mais aussi et surtout dans le vôtre.

Bielsa no se va, cher Marcelo, tel est mon message, tel est le message du peuple marseillais tout entier.

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