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L’OM et le secret de la Porte d’Orient

Le Mardi 01 Novembre 2022 par Yannis

Olympique de Marseille


La Corniche est l'un des plus beaux endroits du monde. Le week-end venu, le reflet du soleil automnal sur la grande bleue éblouit les passants qui viennent y flâner. Tout Marseille est là. Telle une porte vers l'ailleurs. Une cité aux multiples facettes bordée d'un bleu enivrant, une éblouissante porte ouverte vers l'Orient. 

La prochaine finale de la Ligue des Champions se jouera au stade Atatürk d'Istanbul. De quoi raviver chez les passionnés de foot que nous sommes de vifs souvenirs d'instants gravés dans les mémoires, où l'histoire du football chavire dans l'irrationnel. En effet, entre Liverpool et le Milan AC, deux géants du football continental, la reine des compétitions européennes nous avait servi, un beau soir de Mai 2005 sous le ciel stambouliote, ce que le foot a de plus renversant et de plus magique à offrir. 

Quand on contemple aujourd'hui ce qu'est l'OM, cette odeur du très haut niveau et cette magie du football ressemble à un rêve de plus en plus inaccessible. Cette saison encore, pour espérer se frayer un chemin jusqu'au gratin du Top 16 européen, puis jusqu'à Istanbul, porte de l'Orient, il semble nous manquer à la fois peu et tellement de choses. 

Si des espoirs étaient nés d'une première mi-temps maîtrisée à Tottenham, la réalité du très haut niveau a bien vite rattrapé les hommes au maillot ciel et blanc. Maîtriser n'est pas gagner, en Coupe d'Europe, il faut faire preuve d'un froid réalisme, être implacablement tueur. 

Mais quoiqu'il advienne de cette campagne européenne, notre OM aura enfin relevé la tête et regardé en face sa propre histoire en C1. Le temps d'une double confrontation face aux portugais du Sporting, l'OM d'Igor Tudor aura retrouvé le vrai goût de la victoire dans l'épreuve reine de l'UEFA et procuré bonheur et fierté au peuple olympien. 

Pour cela, il a fallu rompre avec la « légende » de Dimitri Payet sous le maillot blanc en C1. Une légende jusqu'ici marquée du sceau de la défaite. Le « King », comme l'ont surnommé les South Winners du Virage Sud, restera pendant longtemps le symbole de cet OM incapable de hisser son niveau de jeu en C1 et de ces campagnes de Ligue des Champions indignes du club Champion d'Europe 1993. On a également retrouvé cette suffisance et cette difficulté à hausser le niveau chez d'autres éléments de l'effectif, tels Gerson, Valentin Rongier ou Léo Balerdi. 

De revers au goût amer peuvent naître nos futurs succès. C'est le dur apprentissage du très haut niveau où les rencontres basculent sur des détails et où la moindre erreur se paie cash. Mais avec Tudor, un style est né. Un football fougueux à l'image de l'identité marseillaise. Qu'importe la crise de résultats que nous traversons et le coaching parfois hasardeux du croate, les principes de jeu perdurent. Pressing haut, marquage individuel tout terrain, et surtout un onze armé d'un gros mental. Un homme symbolise ce supplément d'âme propre à l'OM d'Igor Tudor, un guerrier, un combattant : Matteo Guendouzi, auteur du but égalisateur dans l'ambiance hostile de Francfort avant d'être inexplicablement remplacé à l'heure de jeu. Le milieu de terrain international est indispensable à cet OM en quête de rédemption sur l'échiquier continental. Devant lui, Alexis Sanchez est de la même trempe. Sa justesse technique et son abnégation sont des ingrédients indispensables à toute ambition en C1. 

Les lendemains de matchs au stade, j'aimais laisser retomber la tension en marchant le long de la Corniche. De là, je m'arrêtais souvent devant la Porte d'Orient, majestueux édifice qui surplombe la Méditerranée. Situé à proximité du Vallon des Auffes, il offre un point de vue à couper le souffle sur la rade marseillaise. Ce monument fut édifié en hommage aux soldats d'Orient et des terres lointaines victimes de la Première Guerre mondiale. C'est à Gaston Castel, architecte marseillais, qu'on doit l'idée et la réalisation. Il symbolise à la fois la détermination, le rôle moral et le sacrifice des soldats pendant la guerre.

« J'avais suivi la Corniche. Pour ne pas perdre la mer des yeux. Il y a des jours comme ça. Où je ne peux me résoudre à entrer autrement dans le centre-ville. Où j'ai besoin que la ville vienne à moi. C'est moi qui bouge mais elle qui se rapproche. Si je le pouvais, Marseille, je n'y viendrais que par la mer », écrivait Jean-Claude Izzo dans Soléa, troisième et dernier volet de sa célèbre trilogie.

Porter le maillot blanc en Ligue des Champions implique de lourdes responsabilités. C'est une question d'implication, de don de soi. Il faut sentir venir les valeurs de la ville en soi. Au rythme des efforts, se sentir galvanisé par la force descendant de ces tribunes transpirantes de ferveur. C'est là le secret pour tracer une route vers Istanbul, porte de l'Orient : savoir se transcender et se sublimer. 

Saviez-vous qu'à Barcelone, sous Franco, il était interdit de parler Catalan ? Le Camp Nou était alors un lieu où les catalans pouvaient s'exprimer en toute liberté. Exprimer leur mode de vie et leurs valeurs. Notre agora, le Vélodrome, ne doit jamais cesser de ressembler à cela. Cœur de la ville et miroir de notre mixité sociale, un lieu grouillant d'humanité et de désinvolture, reflet de notre mode de vie, insufflant à nos joueurs le sens du sacrifice, et leur rôle central dans la défense de l'identité marseillaise.

À la recherche de son triomphe passé, l'OM est inlassablement condamné à l'exploit. Au-delà des défaillances et performances individuelles, peut-être notre équipe manque-t-elle encore de maturité collective pour espérer performer dans l'épreuve reine du foot européen ? On peut toujours rêver de voir se développer, étape par étape, les bases d'un club solide, structuré, régulier et ambitieux, mais son environnement ne permet sans doute pas ce genre de vision à long terme. L'OM est un club à l'histoire chaotique, condamné à l'embrasement, aux effluves de joie bien souvent sans lendemain faisant rejaillir son aura le temps d'une folle soirée. Depuis 1899, l'histoire olympienne est jalonnée d'exploits. 

À Marseille, rien n'est impossible, tout ne demande qu'à s'enflammer. 

Yannis 
@B_Yannis_ 

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