L'édito du mois - Décembre 2011

Le Mardi 29 Novembre 2011 par

Un édito un peu spécial ce mois-ci, puisqu'il n'y aura ni récapitulatif du mois de novembre, ni passage en revue des événements à venir, ni coup de gueule. Non, cet édito sera intégralement placé sous le signe du deuil. Nous allons officiellement enterrer l'OM, ses ambitions et nos illusions. Vous allez sans-doute trouver cela étonnant, quelques jours après la nette victoire contre le PSG, mais personnellement, ce match ne suffit pas à me faire oublier notre début de saison lamentable, et j'estime que cette victoire n'est qu'un éphémère sursaut, comme ce fut le cas contre Dortmundt il y a quelques semaines. C'est comme un vieux papy plongé dans le coma depuis 2 ans. On a beau se répéter qu'il faut garder espoir, que la situation va forcément s'arranger et scruter le moindre signe encourageant, la triste réalité finit par s'imposer : c'est fini. Alors il faut penser à tout débrancher, même si papy a cligné un peu des yeux il y a quelques semaines. L'OM a aussi cligné des yeux contre Evian ou Dijon, et même, donc, contre Paris il y a deux jours, mais ça ne suffit plus. Il est temps de débrancher l'OM et d'accepter la situation qui est la nôtre. Cet édito est une autopsie. L'autopsie d'un cadavre appelé OM.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Au début du mois de janvier de cette année, je donnais pour titre à l'un de mes articles : "2011, l'année du jeu ?". Que j'ai été naïf... Pour comprendre l'une des raisons pour lesquelles l'Olympique de Marseille est incapable, depuis presque deux ans, de produire du jeu régulièrement, il faut remonter le temps, à l'année 2004 plus exactement. Non, je ne vais pas vous faire un couplet sur le départ de Didier Drogba. C'est à quelques kilomètres que ça se passe, à Monaco plus précisément. Didier Deschamps est à la tête d'une équipe jeune, talentueuse et pleine de fougue, qui fait trembler l'Europe entière après avoir terrassé le Réal Madrid et Chelsea. Seulement voilà, l'AS Monaco perd lourdement en finale de Ligue des Champions contre le FC Porto et laisse filer le titre dans les ultimes journées au profit de Lyon. Dès lors, les dés sont pipés. Deschamps a perdu avec une équipe joueuse, et c'est pour lui inacceptable. Alors sa décision est prise : ses équipes ne joueront plus. Le 4-4-2 ultra-offensif de 2003-2004 fait place à un 5-3-2 avec trois défenseurs centraux, deux latéraux et seulement trois joueurs offensifs, "soutenus" par deux milieux défensifs de métier. La formule ne prend pas, et Deschamps finit par démissionner en septembre 2005. Mais sa philosophie ne changera plus : on ne peut pas gagner en jouant bien. Il applique sa nouvelle méthode à l'OM lors de son arrivée en 2009. Et c'est un triomphe : Marseille met fin à 17 ans sans titre et réalise le doublé Championnat/Coupe de la Ligue. Alors certes, ça joue mal la plupart du temps, l'OM ne réalise que cinq ou six vrais bons matchs dans le jeu au cours de la saison, mais peu importe, l'OM gagne, alors personne ne dit rien, en toute logique.

Mais aujourd'hui, l'OM ne gagne (presque) plus. Il perd en jouant mal. Pourquoi ? Parce qu'il serait idiot de croire que Didier Deschamps est l'unique responsable de la situation morose dans laquelle se trouve le club. Le principal problème se situe au niveau des joueurs. La plupart d'entre-eux sont surcotés, et les attentes autour de cette équipe sont démesurées au regard de son réel potentiel, limité. Nos joueurs manquent d'intelligence de jeu. Les deux principaux exemples sont André Ayew et Mathieu Valbuena. Le ghanéen, considéré par beaucoup comme un prodige, la "pépite" de l'OM, est pourtant un joueur limité sur le plan technique. Certes, il a du coffre, il percute, il marque des buts. Mais l'intelligence de jeu, c'est être capable de faire la bonne passe au bon moment. Et ça, André Ayew a du mal, préférant souvent prendre la balle et foncer dans le tas en espérant que ça passe. Idem pour Mathieu Valbuena aka la toupie. Monsieur je fais cinq tours sur moi-même avant de faire (ou rater) une passe. Monsieur je n'arrive pas à lever le ballon sur coup de pied arrêté neuf fois sur dix. Monsieur je tente une passe de l'extérieur du pied à cinq mètres au lieu d'assurer d'un plat du pied traditionnel mais tellement efficace... Bref, quand vos deux milieux offensifs ne sont pas bons et sont dépourvus d'intelligence de jeu, est-ce surprenant de peiner à faire du jeu ? Sans parler de Lucho Gonzàlez, notre meneur de jeu attitré qui ne met plus un pied devant l'autre depuis un an et qui ne pense qu'à se barrer en Italie... Mais ce n'est pas tout. Il y a la défense aussi. Elle est faible. C'est aussi simple que ça. Nicolas Nkoulou est le seul point positif de cette défense. Rod Fanni est stupide (voir par-ailleurs), Cesar Azpilicueta, s'il est capable de réaliser de très bons matchs, est souvent fébrile dans les duels et au niveau du placement, Souleymane Diawara fait son âge, et Jérémy Morel, s'il est bon pour un club comme Lorient, est bien trop juste pour une équipe qui ambitionne de remporter le titre et de faire un bon parcours en Ligue des Champions. Quant à Steve Mandanda, il a besoin d'être mauvais pendant trois matchs pour être bon lors des cinq suivants...

Parlons maintenant des absents. De trois d'entre-eux en particulier : Taye Taïwo, Hatem Ben Arfa et Mamadou Niang. Ils ne sont plus là, et cela se voit forcément. Le nigérian avait ses défauts, mais son apport offensif était sans équivalent en France. Et s'il n'était un modèle en terme de placement, il avait une capacité à gagner ses duels défensifs que n'a pas son successeur. En ce qui concerne "HBA", lui aussi avait beaucoup de défauts, mais sa capacité à accélérer le jeu, à pénétrer et à dribbler manque cruellement aujourd'hui. Reste "Mamad", LE buteur. Si Loïc Rémy ne peut pas être attaqué puisqu'il fait son boulot, à savoir marquer des buts, il n'a pas le même bagage technique que Mamadou Niang. Le sénégalais est un joueur plus complet, et son départ a aussi laissé un grand vide dans l'équipe phocéenne. On récapitule : un entraîneur frileux, des joueurs moyens, un effectif amoindri par le départ de ses meilleurs joueurs et une équipe déséquilibrée, voilà les ingrédients de la bouillie footballistique de l'OM. En football, il n'y a pas de secret. Il faut du talent, devant, mais aussi derrière. Sans cela, vous avez du mal à mettre l'adversaire en danger, et vous proposez un bloc-équipe aux lignes trop écartées. Et ce n'est bien évidemment pas suffisant pour atteindre les objectifs qui sont les nôtres. Voilà, c'est ça l'OM aujourd'hui. Et il faut l'accepter, car ça ne changera pas. Il faut que chacun imprime cette donnée dans son esprit. On ne parle pas de méforme ou de fatigue, ni même de manque de confiance, mais d'une équipe moyenne constituée de joueurs moyens. Une équipe qui ne peut donc obtenir que des résultats moyens.

Pourquoi ça ne changera pas...

Je sens que ce terrible constat ne suffit pas à vous faire accepter l'idée que l'OM est aujourd'hui une équipe moyenne et que ses résultats sont conformes à son niveau, alors je vais en remettre une petite couche, afin de bien vous faire comprendre pourquoi cette situation risque de durer encore un moment. Premièrement, le talent ne s'obtient pas du jour au lendemain. Un joueur moyen et une équipe moyenne le restent. Et c'est pour cette raison qu'aujourd'hui, malgré les nombreux changements tactiques effectués par Deschamps, la situation ne s'améliore pas. Au bout d'un moment, il faut se faire une raison et accepter l'idée que le problème ne vient pas du système de jeu, mais des joueurs qui le composent. Les quelques victoires obtenues contre des équipes moyennes voire faibles n'étaient qu'une illusion, un sursis. Le niveau de l'OM se situe entre la 4 ème et la 8 ème place. Nous ne pouvons pas viser mieux. C'est difficile à admettre, je sais, mais c'est comme ça. Le drame de cette équipe, c'est que la plupart des joueurs olympiens sont des crétins. Est-ce surprenant de voir Souleymane Diawara être complètement à la ramasse à Montpellier, quand on sait que ce dernier a été vu en boîte de nuit le matin même à six heures ? Mais ce n'est même pas ça, le principal souci. C'est que les joueurs n'ont pas conscience de leur médiocrité. Personnellement, je suis absolument convaincu qu'après chaque défaite, la plupart des joueurs sont persuadés, dans leur coin, d'avoir réalisé un bon match et que ce sont les autres qui n'ont pas été bons. Des joueurs moyens qui ne se remettent pas en question, comment voulez-vous que la situation ne perdure pas ? Comment pouvez-vous penser qu'elle peut changer subitement, après quatre mois de compétition ?

Il suffit de jeter un oeil aux déclarations des joueurs dans la presse pendant la semaine. Depuis le début de la saison, c'est le même cirque toutes les semaines : après un mauvais résultat, les joueurs clament dans les médias qu'ils ont retenu la leçon, qu'ils savent ce qui ne va pas, qu'ils "se sont parlé", et qu'on ne les y reprendra plus. Et pourtant, nous assistons au même triste spectacle lors du match suivant. Et cela fait des mois que ça dure ! Je n'ai pas terminé. Nos soucis ne datent pas de cette saison. La fin de la saison dernière commençait déjà à puer un petit peu la merde. Voyons un peu : sur ses 20 derniers matchs de Ligue 1, soit depuis début mai, l'OM n'en a gagné que six, pour neuf matchs nuls et cinq défaites. Il a marqué 31 buts (ça c'est pas trop mal à la limite), et en a encaissé 24. Est-ce le bilan d'une équipe capable de viser le titre voire une place sur le podium ? Bien sûr que non. Quand une équipe perd un match, on peut parler d'accident. Quand elle connaît une mauvaise période de trois semaines-un mois, on peut parler de méforme passagère, ça arrive. Mais quand une équipe n'est pas bonne depuis 20 matchs et près de six mois, elle ne peut invoquer aucune de ces excuses. Cette équipe est simplement à sa place. Encore une fois, ce discours peut sembler surprenant quelques jours après avoir latté le PSG, mais nous ne pouvons pas dire tout et son contraire d'une semaine à l'autre, selon le résultat. Puis, battre le PSG n'est pas forcément un exploit, en ce moment. Pour preuve, Nancy y est parvenu, et au Parc des Princes. On pensait d'ailleurs cette équipe relancée, avant qu'elle ne perde le match suivant à domicile contre... Dijon. COMPRENEZ-VOUS ENFIN L'ASPECT IMMUABLE DE CETTE SITUATION ? Alors bien sûr, l'OM continuera de gagner des matchs, de marquer des buts. Nous ne sommes pas la pire équipe de Ligue 1, et nous ne jouerons pas le maintien. Mais arrêtons de raisonner comme si cette équipe était l'une des trois meilleures de Ligue 1 en terme de potentiel. CE N'EST ET CE NE SERA PAS LE CAS CETTE SAISON ! Voilà, j'espère que vous avez saisi le message et que ces lignes vous aideront à prendre conscience que cette saison restera pour nous un calvaire.

Comment s'en sortir ?

L'autopsie de feu OM est terminée. Voyons maintenant comment nous pouvons nous sortir de tout ce merdier. Il n'y a pas de solutions miracle, à moins qu'un investisseur plein aux as décide de venir faire joujou sur le vieux port. Mais restons rationnels. Qu'avons-nous ? Une équipe moyenne, donc. Un actionnaire qui avoue n'être là ni pour l'ambition, ni pour le business. Un stade cassé de partout, qui sonne creux, des supporters dépités qui ne font presque plus de bruit. Bref, c'est le bordel. Alors autant être clair, il faudra un moment avant de vibrer de nouveau. La principale arme à notre disposition est donc la patience. Attendre, c'est tout ce que nous pouvons faire. Attendre que les boulets du club se cassent, volontairement ou de force. Attendre que les finances soient plus saines (notons que le départ de certains boulets y contribuera grandement). Attendre la livraison du "nouveau" Stade Vélodrome et ses recettes. Attendre que le climat soit apaisé. Ensuite, nous pourrons reconstruire. Comme nous l'avons toujours fait. Le club n'en est pas à sa première crise identitaire et institutionnelle. Et il faut se dire que nous avons connu pire il y a une dizaine d'années notamment. Un nouvel entraîneur devra arriver, pour redonner vie et envie à cette équipe, et lancer une nouvelle dynamique, avec un nouvel état d'esprit et de nouveaux joueurs. C'est quelque chose qui ne se fait pas du jour au lendemain. Je ne suis pas de ceux qui pensent que Didier Deschamps est un incompétent notoire. Je pense simplement qu'il n'est plus l'homme de la situation, comme José Mourinho n'était plus l'homme de la situation à Chelsea en 2007, ou comme Marcelo Lippi en Italie à l'issue du Mondial 2010. Bref, je vous l'avais déjà annoncé il y a quelques mois, nous en avons la confirmation : les trois saisons à venir (2011-2014) seront difficiles. Alors encore une fois, acceptons cette idée, cette situation. Et attendons l'arrivée de jours meilleurs. Mais espérons, aussi, que lorsque l'OM aura été reconstruit, personne ne s'emploiera à tout démolir en 18 mois.

Sat, qui aime dire aux enfants que le Père Noël n'existe pas.

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