Bad Boys de Marseille

Le Mardi 27 Décembre 2011 par

Marseille, c'est la capitale de la Méditerranée, qui s'inscrit historiquement en concurrence avec la capitale de la France.
Si cette rivalité a trouvé son prolongement politique dans les années 80 avec les lois Deferre* sur la Décentralisation, c'est aussi qu'il existe une véritable opposition culturelle entre Marseille la populaire, et Paris la bourgeoise.
Sur les terrains de foot, cette rivalité qui remonte à l'époque du Red Star et qui a été amplifiée par "les années canal" du PSG et la médiatisation tous azimuts du football se manifeste par des attitudes, dans et hors des terrains, que l'on pourrait qualifier de "politiquement incorrectes" : à Marseille, les vedettes, c'est souvent les Bad Boys !




Petit tour d'horizon.

Sur le terrain, on se souvient des pitbulls Carlos Mozer ou Eric Di Meco, de leurs tacles rugueux et de leur tendance à transformer chaque match en combat de rue. On connaît aussi les simulateurs professionnels, donc pas toujours très fair-play, tel Fabrizio Ravanelli ou, aujourd' hui, l'homme par qui vient la polémique : Ptivélo, passé maître dans l'art des roulades et provocateur-né, qui fatigue jusqu'à ses plus fervents supporters : on a encore en mémoire les mots très durs de Christian Gourcuff l'accusant ni plus ni moins de tricherie.
Dans un autre ordre d'idée, on comptait il y a encore peu dans les rangs de l' OM le gentil petit Taye Taïwo, grand assassin de gabians devant l'Eternel et chanteur à ses heures, lourdement sanctionné pour avoir, certain soir de victoire, entonné un entraînant refrain en hommage aux Parisiens...

Mais, c'est en dehors du terrain que se singularisent aussi les Bad Boys de Marseille : on ne compte plus les caprices de star de certains tôliers de la maison phocéenne : évitons d'épiloguer sur le "cas" Ribéry, on se contentera des bouderies répétées d' Hatem Ben Arfa qui le menèrent jusqu'au clash avec le staff et son transfert dans les conditions que l'on sait, ou des blessures "diplomatiques" de Stéphane Mbia dont chaque passage à l'infirmerie ou presque se solde par une indisponibilité plus longue que nature, d'étranges visites chez le Marabout et autant de pourcentage de revalorisation contractuelle que de jours passés à cirer le banc.

Plus grave est le melon d'André-Pierre Gignac qui, non content de n'avoir strictement rien prouvé sur le terrain et ne se donnant aucun moyen de justifier son mirobolant transfert, se permet de mépriser les supporters, de défier le coach et même d'agresser les anonymes qu'il croise dans la rue : si elle se justifie sportivement, la question de son transfert se pose aujourd'hui également en raison de son comportement général et devient même carrément urgente.

On ne reviendra pas ici sur les déboires judiciaires d' Evaeverton Lemos Brandao dans un dossier qui prend d'ailleurs le chemin d'un classement sans suite, mais qui souligne la préférence du déménageur brésilien pour la fiesta, parfois au détriment du foot. Pour ma part, je préfère me souvenir de son célèbre tube : "Ch'l'ai pas touchao ! C'est pas noumaôl !"

La protestation contre les hOMmes en noir comme moyen de défense : c'est d'ailleurs devenu l'autre sport national à Marseille...

Les supporters n'ont rien à envier à leurs joueurs préférés, en témoigne Santos qui illuste cet article, et les menaces récurrentes de dissolution des groupes qui éteignent peu à peu les travées du Vélodrome.

En ces temps de Disneylandisation du foot, on peut regretter ces écarts. Ou bien les estimer pour ce qu'ils sont : les dérapages parfaitement naturels de jeunes ou très jeunes garçons parfois mal entourés, que l'argent rend fous et qui sont soumis, à Marseille plus qu'ailleurs, à une pression très particulière. Quoi qu'il en soit, ces actes n'arrangeront pas les affaires de l'OM, tant que la Commission de Discipline de la LFP ne tiendra aucun compte de cette spécificité.

* Gaston Deferre fut Maire de Marseille de 1953 à 1986

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