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Dossier : L'OM et le 12ème hOMme marseillais !

Le Jeudi 30 Novembre 2017 par Casual Mars

Olympique de Marseille

L'OM et ses supporters. Décryptage...

Ludovic Lestrelin est sociologue, spécialiste du "supportérisme marseillais", il suit d'un œil attentif l'évolution des relations entre la direction du club et les associations de supporters. Il donne son point de vue.

Le rapport de force qui s'est installé dans le temps et qui a pu pencher à un moment en faveur des groupes de supporters a-t-il basculé depuis du côté de la direction ?
LL : Oui et non, c'est un équilibre fluctuant. Le modèle a changé, s'est effrité. Les groupes ont perdu la gestion des abonnements, des relais internes, comme l'ex-directeur de la sécurité Guy Cazadamont. Son successeur, Thierry Aldebert, incarne, de par son parcours (NDLR : ancien lieutenant-colonel de gendarmerie, officier supérieur du GIGN), une ligne sécuritaire. Sa nomination acte la volonté de redéfinir la relation. S'ajoute à cela un contexte plus large d'encadrement très strict des supporters en France. Ce qui se passe à Marseille est à l'image de ce qui se déroule ailleurs. Mais ils restent un élément important du club et ont encore entre leurs mains des leviers à actionner. 
Lesquels ?
LL : Ces groupes ont largement œuvré à l'entretien d'une image de l'OM et de son rayonnement. L'OM est associé à la ferveur, à la passion et ça, il le doit à ses supporters. Ils peuvent donc agir sur l'animation du stade, l'ambiance. D'ailleurs, dans son OM Champions Project, la nouvelle direction a parlé de "fan expérience". C'est difficile de l'atteindre sans avoir les groupes de supporters de son côté. Ils sont indispensables car ils représentent un patrimoine immatériel très précieux qui peut faire l'objet d'une traduction commerciale et marketing. Si vous ne les avez pas, il manque une pièce au puzzle. Les dirigeants actuels du PSG, qui font revenir les ultras au Parc des Princes, l'ont compris.
La problématique actuelle est de savoir quelle politique l'OM va mener avec ses groupes de supporters.
LL : Tout à fait. Je ne vois pas de position très claire pour le moment. On assiste à une phase de transition avec, sans doute, une redéfinition à venir des relations entre les groupes et les nouveaux dirigeants. Mais on ne sort pas d'un modèle qui existe depuis vingt-cinq ou trente ans aussi rapidement. Et puis l'OM, on n'en fait pas ce qu'on veut. Certes, le club est une entreprise capitalistique, mais c'est aussi un bien culturel commun, un objet historique et socio-politique, que s'approprient les supporters, les habitants de la ville. C'est une propriété collective. On touche à une tension structurelle entre logique commerciale, économique, qui voudrait faire du football une pure consommation de spectacle, et une logique de nature socio-historique qui fait que pour les supporters, le match est bien plus que cela. L'OM est un bon observatoire des ambiguïtés et des tensions actuelles plus larges qui touchent le football.
La mairie de Marseille a-t-elle une part de responsabilité dans les problèmes entre les directions successives et les groupes ?
LL : Ç'a pu être le cas à certaines périodes. Elle fait pleinement partie de l'environnement du club, qui est un sujet politique important, tout comme le sont les groupes. Des élus et acteurs locaux ont pu créer des relations avec des leaders de groupes et s'immiscer dans les affaires du club, qui doit composer avec ça.

Que veulent-ils ?

« Les supporters marseillais veulent ce que beaucoup veulent dans la vie : le pouvoir, estime Christophe Bouchet, ancien président du club. D'ailleurs ils en sont un. Parfois, ce sont eux qui peuvent décider. »

« Ils considèrent que le club leur appartient, admet Jean-Claude Dassier, un autre ancien président de l'OM (NDLR : et c'est le cas, l'OM c'est Nous. C'est ce que n'ont pas compris tous ces gens venus de Paris qui veulent diriger NOTRE club). Et on a beau essayer de leur expliquer que ce n'est pas tout à fait le cas... »

Robert Louis-Dreyfus en plaisantait : « Je veux bien que les supporters soient propriétaires du club, mais l'actionnaire l'est aussi quand même un peu... »
Bouchet précise : « Les supporters veulent avoir ce qui, selon eux, leur est dû. »
Ni plus ni moins que « des promesses tenues et du respect de la direction, de la confiance rectifie Michel Tonini, le responsable des Yankee Nord Marseille 1987, une attitude de partenariat, de partage. »

Puis, mine de rien, Jean-Claude Dassier en profite pour cracher sur ceux qui défendent l'OM et portent haut ses couleurs, aux quatre coins de l'Europe, depuis plus de trois décennies.
« Des discussions de marchands de tapis. "Bonjour président, alors, combien vous nous donnez ?" On les aidait, on les emmenait en déplacement, notamment européen. Mais ils ne m'ont jamais arraché des accords qui auraient mis le club en péril, ce ne sont pas des monstres, il faut savoir les apprivoiser et leur résister. »

Ah bon ? Parce que tous ces déplacements étaient gratuits peut-être ? Ou bien, ils revenaient à 10 ou 20 euros, par tête, peut-être ? Qu'il y ait une aide financière du club, est somme toute logique, mais les supporters ne se déplacent jamais gratuitement.


Les récents événements (l'affaire Evra, envahissements de terrain, nombreux craquages de fumigènes...) embarrassent et inquiètent la direction actuelle de l'OM.
« Ce sont des coups de pression pour tendre les relations et amener Eyraud à dealer des choses, souffle-t-on au club. Ils ont peur de perdre une partie de leurs mécanismes économiques et leur pouvoir. Quand ils veulent créer le chaos, ils le créent. »
Alors d'abord, celui qui a soufflé ceci se fait des films, semble déconnecté de la réalité et en prime il insulte les associations de supporters, comme si la motivation principale de leur investissement depuis des décennies n'était que l'aspect financier ?!

« On est juste une force mercantile, réplique Michel Tonini. Aujourd'hui, le supporter est le client qui remplit le stade, attire les sponsors, les médias, fait vendre. Le client est roi, non ? C'est lui qui a tous les pouvoirs, qui dit s'il est content ou non, s'il met son argent ou pas ! [...] Quand on veut tuer son chien on l'accuse d'avoir la rage. Le budget global d'une association de supporters, c'est dix jours de salaire d'un mauvais joueur de l'OM. »

En 2011, une information judiciaire, dont l'un des volets concerne « les libéralités de l'OM aux associations de supporters » est ouverte. Aidés par l'envie pressante de Margarita Louis-Dreyfus de céder le club et la menace de dissolution qui plane sur les groupes après les débordements face à Lyon (20 septembre 2015), les pouvoirs publics réagissent et un texte de loi interdit les flux financiers entre les deux parties. En février 2016, l'ancienne direction de l'OM signe une convention avec sept des huit groupes (Club des Amis de l'OM, Commando Ultra' 84, Dodger's Marseille, Fanatics Marseille, South Winners, Yankee Nord Marseille, Marseille Trop Puissant) que l'OM reconnaît et récupère la commercialisation des abonnements en virages. Une page importante se tourne. 
« Ça n'a rien changé, déclare Deuk, vice-président du Club Central des Supporters, en sommeil après son refus de signer l'accord. Il y a toujours les tifos, les animations. L'amour de ce club est plus fort que l'amour de l'argent ! »

Olympique de Marseille
Photo : Vieille Garde 84

Pourquoi l'OM ne serait-il plus l'OM sans ses supporters historiques ?

En aparté, tous les anciens dirigeants le savent et tous le disent. L'OM sans ses groupes de supporters: C'EST IMPENSABLE !

Ils sont un besoin vital, socialement, médiatiquement et économiquement.
« Ils ont bâti la légende là-dessus, confie-t-on au club. L'OM est L'OM en grande partie grâce à la ferveur de ses supporters. »

Pour la Vieille Garde, noyau des fondateurs du Commando Ultra' 84, « l'OM et ses supporters, en particulier ceux avec la mentalité ultra, sont comme les deux faces de la même médaille, indissociables. Et si l'OM ce n'est pas que nous, car l'institution est toujours au-dessus, ça l'est en grande partie car on reste là alors que joueurs, dirigeants et entraîneurs défilent. Sans nous, ou avec des supporters mis au pas et des virages aseptisés, l'OM perdrait une grande partie de son âme, mais aussi de son attractivité, de son aura. »

Michel Tonini explique : « Quand Tapie est arrivé, on lui a dit : "Je ne te vends pas un club de foot, je te vends des supporters." Les associations ont permis de canaliser la ferveur, de l'organiser et de la pérenniser [...] Marseille ce n'est pas la France. On est en France, mais on ne réagit pas comme ailleurs. On n'a pas la même mentalité. Pour nous, l'OM c'est une équipe nationale. »

Espérons que la nouvelle direction ait bien intégré ce paramètre essentiel : l'OM c'est NOUS et cela ne changera JAMAIS ! Allez l'OM !

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