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Ajax Amsterdam 4-1 OM
Quand l'OM affrontait l'Ajax de Cruyff
Le Mardi 06 Décembre 2016 par Casual Mars
Le mercredi 3 novembre 1971, l'OM se déplaçait à Amsterdam pour affronter l'Ajax en huitièmes de finale retour de la Coupe d'Europe des clubs champions. Après un match aller perdu 2-1, les Marseillais ne croyaient plus vraiment à l'exploit. Pour plusieurs joueurs qui ont disputé ce match, les dés étaient pipés dans cette opposition face à la bande de Johan Cruyff, au top du football européen.
(Photo Fotocollectie Anefo, Domain Public)
Au match aller, Johan Cruyff a régalé le Stade Vélodrome contre l'OM de Skoblar. C'est dans une ambiance exceptionnelle qu'ont évolué les marseillais et les hollandais. Âgé de 24 ans, l'élégant néerlandais découvre la France lors de son arrivée en terre provençale pour ce premier tour de C1. Ce soir de novembre, où la température est un peu fraîche, tout le monde se presse au Stade Vélodrome pour découvrir le grand Ajax Amsterdam. D'autant que discuter du phénomène Cruyff ne se fait alors qu'entre connaisseurs du football. Pour bien comprendre et pour bien situer l'événement, l'Ajax Amsterdam des années 1970, c'est l'équivalent du FC Barcelone aujourd'hui. Cruyff, certains en avaient entendu vaguement parler, mais très peu. Après ce match à Marseille, tout a changé.
Ce soir-là, on dénombre officiellement 48 039 spectateurs très exactement. Mais devant la télé, ce fut la France entière qui découvrit celui qui sera surnommé par la suite le "Hollandais volant". Georges Carnus, gardien de l'OM, se souvient.
« Contre nous, il avait été exceptionnel, époustouflant même. Ce qu'il réalisait, c'était tout simplement phénoménal. D'ailleurs, j'ai eu la chance de jouer contre des Pelé, des Eusebio, de sacrés phénomènes quand même, mais lui, c'était autre chose. Il était spécial. Parce que c'était un joueur qui maîtrisait tout. L'espace, le temps, le ballon. Avec lui, c'était un contrôle, une passe dans le mouvement. De mon but, je le voyais faire, et cela paraissait tellement simple ! Sur le terrain, je me souviens d'un joueur très correct, très classe. Mais c'est normal, il était tellement au-dessus. D'ailleurs sur le but que j'encaisse, cette impression de facilité est évidente lorsque après une course de 50 mètres, il arrive devant moi et tranquille il me glisse le ballon où il faut. Sans forcer, tranquille. C'était son génie. Celui de Cruyff. Au Vélodrome, j'ai pu voir jouer une merveille. Il dégageait tant de choses à travers son jeu. En fait, il imposait une manière d'être. C'était une beauté faramineuse. Avec un peu plus de recul, je me rends compte que finalement c'était, en même temps, un soliste et un chef d'orchestre. Et pour le public du Vélodrome, c'était aussi un moment fondateur. Car voir Skoblar et Cruyff dans leur stade, c'était quelque chose de grand pour toute la ville de Marseille. Même si ce soir-là, il n'y avait pas eu photo.»
L'Olympique perdra ce match aller 1-2 et se déplaça aux Pays-Bas en essayant d'inverser la tendance. Mais le pessimisme dominait dans les rangs olympiens avant le match retour. Bernard Bosquier raconte :
« Le matin du match, on a fait une balade au bord de la mer et je me souviens qu'on n'était pas confiants. On savait que cela allait être très très dur. »
Malgré tout, les Marseillais veulent y croire. À l'instar de Josip Skoblar parti brûler un cierge à Notre-Dame-de-la-Garde, les supporters se sont même cotisés pour déposer une bougie de 5 kilos dans la basilique. Alors qu'ils doivent s'entraîner au stade de l'Ajax la veille du match, les joueurs de Lucien Leduc se voient refuser l'accès et doivent se rabattre sur un terrain adjacent. Les Rouge et Blanc affichent un excès de confiance. Le Jour J, lorsque le match commence, ce sont les hollandais qui se procurent les premières occasions.
« Je me souviens qu'on était bien sur le terrain, les joueurs de l'Ajax nous ont peut-être pris un peu trop de haut » rembobine Didier Couécou qui va même ouvrir le score à la 17ème minute.
« On pensait vraiment que ce but leur mettrait un coup de bambou sur la tête » se souvient Georges Carnus.
Seize minutes d'espoir seulement pour les marseillais. Juste le temps pour Johan Cruyff de trouver la faille. À la 33ème minute, après une accélération, il se place tranquillement aux 25 mètres et balance une frappe qui laisse Carnus pantois. Quatre minutes plus tard, l'Ajax marque le deuxième, suivront deux autres en deuxième mi-temps. Au total, cela fait 6-2 sur les deux matchs. Johan Cruyff taquinera même ses adversaires, dans la presse, à l'issue de la rencontre en déclarant : « Je me suis bien amusé. »
« Sur le terrain, c'était une Mercedes. On l'avait l'impression qu'il avançait avec le ballon sous le bras. Il était difficile à attraper, vu qu'il se déplaçait tout le temps. Ce genre de situations fait que tu es carbonisé, surtout que tu cours souvent pour rien » constate Bernard Bosquier.
Même si pour tous, il est indéniable qu'il y avait une différence de niveau, Didier Couécou déplore un manque de réalisme : « La différence entre nous et eux, c'est qu'eux, ils marquaient. Au match aller, j'avais délivré deux caviars énormes à Skoblar qu'il a ratés. Je me demande encore comment, alors que c'était pas n'importe qui. Peut-être qu'il faisait partie des joueurs qui étaient plus taillés pour le championnat de France. »
De son côté, Gilbert Gress y voit plutôt un manque de culture tactique : « On n'était pas prêts. Les joueurs de l'Ajax se déplaçaient en bloc, et tout le monde participait au pressing. C'était une tactique qui n'était pas pratiquée, les attaquants ne venaient jamais défendre. ce n'était pas dans notre culture. »
« L'Ajax était au-dessus. Largement... Entre nous, on se disait qu'avec des ingrédients basés sur l'agressivité, la combativité, on pouvait espérer quelque chose, mais non, impossible... Ils étaient trop forts. Avec leur football total, c'était une évidence. Ce soir-là, celle-ci nous a explosé à la gueule, et on a tous compris ce qu'était en train de devenir l'Ajax Amsterdam d'un certain Mr Cruyff » conclut Georges Carnus.
Malgré tout, les locataires du Stade Vélodrome termineront la saison 1971-1972 avec un doublé championnat/Coupe de France. Le premier de l'histoire du club.
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